06/04/2022
Burkina Faso

L'eau, l'autre défi de la survie des éleveurs

La situation sécuritaire n'est pas la seule cause de vulnérabilité des éleveurs de bétail au Burkina Faso. Ces populations sont aussi frappées de plein fouet par les effets du changement climatique. En particulier, les ressources en eau deviennent de plus en plus rares.

Ayun Diallo a 75 ans. Il vit à Bindabongo dans la commune de Boulsa, au Centre-Nord du Burkina. La plupart des 500 habitants du village sont des éleveurs. Pour abreuver leur bétail, ils doivent parcourir 10 kilomètres. Et avec l'insécurité, le septuagénaire est inquiet de voir ses petits-enfants faire ce voyage chaque jour pour abreuver les animaux. L'eau devient de plus en plus rare à mesure que les conditions météorologiques changent, et tout cela se produit alors que le pays fait face à l'une des plus grandes crises de déplacement au monde : 8,5 % de la population, soit 1,74 million de personnes, ont dû fuir leurs domiciles en raison de l'insécurité. Fin février 2022, le nombre de personnes déplacées internes (PDI) s'élevait à plus de 1 800 000. Dans certaines régions, ces déplacements internes massifs créent des centres de population extrêmement denses et ajoutent une pression supplémentaire sur l'approvisionnement en eau. Pour répondre à ces besoins, le CICR creuse des puits mais de nombreux forages se révèlent négatifs. Entre 40 % et 60 % des puits creusés sont secs. Le Comité alerte : il est urgent de construire des forages pastoraux La plupart des populations du Sahel forcées à fuir se déplacent avec leurs animaux. Mais ces familles arrivent dans des villes d'accueil qui connaissent déjà des difficultés d'accès à l'eau. "Quand les populations elles-mêmes n'ont pas suffisamment d'eau à boire, les animaux sont relégués au second plan. Avoir de l'eau pour abreuver les bêtes devient une véritable lutte. À la fin, les éleveurs bradent leurs animaux juste pour se libérer de cette fatigue permanente d'avoir à chercher de l'eau. Ce problème existe dans de nombreuses localités au Burkina", explique Wendgouda Priva Kabré, responsable du service et eau et assainissement du CICR au Burkina Faso.

Comité international de la Croix-Rouge (Genève) – AllAfrica